Il y avait Lui, Moi et cet INCONNU contre nous.

Article : Il y avait Lui, Moi et cet INCONNU contre nous.
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13 octobre 2023

Il y avait Lui, Moi et cet INCONNU contre nous.

Un amour naissant, une rencontre inattendue et un inconnu qui s’immisce dans leur vie.

Safiatou TANOU et son ami Abou Christian KONE

— Tu l’aimes ? M’interrogea-t-elle.

— NON, répondis-je, non pas avec une pointe de défiance, mais plutôt d’une résignation qui avait lentement infiltré mon âme.

— Ce n’est pas un obstacle insurmontable répondit ma mère. Ses yeux reflétant un océan de souvenirs amers. Tu l’aimeras avec le temps et on l’espèrera tant bien que mal. Quand bien même qu’ici, tes mots ne comptent pas, le temps guérira tes maux.

La résilience apaisera ton âme puis au fil du temps, elle deviendra ton arme. De plus, une femme n’est pas obligée d’ancrer dans son cœur celui avec qui elle va partager le reste de sa vie. Elle doit simplement ‘’l’accepter’’ malgré et contre tout.Aujourd’hui et pour toujours.

Accepter son destin, tel un marin embrasse les caprices de la mer, navigant avec lui à travers le meilleur et le pire surtout. Notre destin en tant que femme, nous devons tout simplement l’accepter sans broncher. Moi, ta mère, j’ai fini par accepter le courant de ma vie. De toutes les façons, avais-je le choix ? La vraie femme, c’est celle qui a un époux, ce sont celles qui arrivent à tenir un foyer. Ton père, je l’ai accepté comme le marin accepte le vent, me demandant s’il n’y avait pas d’autre brise qui aurait pu souffler en ma faveur.

Ces mots, tissés de douleur silencieuse et de résignation, furent nos derniers échanges avant que les parents de ‘’mon époux’’ ne viennent me chercher, tels des faucons fondant sur leur proie dans le crépuscule. Il était veuf il y’a à peine 7 mois. Deux mois après le décès de sa première femme, il en avait épousé une autre. « Ce n’est pas bien qu’un homme soit seul »

Cette nuit-là, mes yeux étaient déserts de larmes. Peut-être que moi aussi, je m’étais résignée, acceptant les chaînes invisibles de mon sort, aussi serrées qu’une étreinte de fer. Enveloppée dans une robe blanche, symbole de la pureté perdue, et un voile comme le ciel sans nuages, j’essayais de dissimuler le tourbillon de mes émotions derrière cette fine étoffe. J’étais une jeune mariée embarquant pour un voyage vers l’inconnu, mais gardant à l’esprit l’espoir d’une lueur de bonheur à l’horizon.

[ Il y’avait Cet INCONNU contre nous…]

Cette nuit-là, je devais faire face pour la deuxième fois à celui qui avait été choisi pour être mon époux. L’homme qui m’avait échangée contre des bêtes et des pièces sonnantes et trébuchantes. L’homme pour qui mes parents m’avaient vendue, comme un joyau précieux troqué contre quelques miettes qu’ils appelaient dot. L’homme à qui ils m’avaient promise.

Sous les étoiles d’une nuit noire, des torches éclairaient un peu la cour de notre grande maison. Après la chaleur du jour, la nuit était un peu fraîche. Mes oncles, qui se tenaient là, parlaient avec l’homme qui allait me marier.

— Elle sera maintenant ta femme, avaient-ils dit avec une voix forte.
— Tu décides pour elle. Tu feras d’elle ce que vous voudra.

Ma mère s’était avancée vers cet homme, cet INCONNU . Les torches faisaient briller ses yeux tristes.

—S’il te plaît, elle avait dit tout bas, prends soin de ma fille. Si tu n’en veux plus un jour, ramène-la ici saine et sauve.
À côté de lui, il y avait une femme. Je crois que c’était celle qui allait être avec moi chez lui.Ma future co-épouse. Ma mère lui avait parlé aussi.

— Elle sera comme ta petite sœur. Je te demande de veiller sur elle, d’être tolérante et de la guider comme le ferait une mère. N’oubliez jamais que vous partagez désormais le même destin. Le même destin d’une vie vouée à une misère perpétuelle.

Alors que les étoiles scintillaient, témoin de mon destin scellé, je m’étais dirigée, le cœur lourd, vers la demeure de cet homme, ma nouvelle maison, une vie inconnue m’attendant à l’horizon.

Cet INCONNU, mon futur époux, je l’avais aperçu pour la toute première fois lors des funérailles de Papa, quand j’étais une enfant de 10 ans. Aujourd’hui, à l’aube de ma vingtième année, son visage était gravé dans mon esprit. Le temps, cet insaisissable voleur, avait emporté avec lui mes rêves d’enfance, et bouleversé le paysage de ma vie. Il ne sera plus un inconnu pour moi dans quelques temps. Moi qui ait toujours eu peur de l’inconnu.

Ce soir, mon futur époux, cet homme presque étranger, allait soudainement franchir les portes de mon sanctuaire intime. Mon jardin secret. J’avais toujours cru, peut-être naïvement, qu’en tant que femme, j’étais maîtresse de la clé. J’avais pensé que j’avais le choix de décider avec qui partager ces doux plaisirs, et seulement avec celui qu’on désirait. Ses événements m’ont ramené à la réalité de ma vie.

[Il y avait Lui et Moi…]

Et pourtant, il y avait celui que mon cœur avait choisi. Celui qui faisait vibrer mon âme et danser mon cœur au rythme de sa mélodie. Celui avec qui j’avais rêvé de partager les douces harmonies de l’amour. Mais hélas, ce n’était pas lui qui m’attendait de l’autre côté de ce voile immaculé, ce rideau froid qui séparait ma réalité de mes rêves.

Il était celui qui faisait briller mon cœur comme une étoile dans le ciel nocturne, mais il ne serait pas celui à qui je lierais ma vie, celui qui partagerait avec moi les triomphes et les tribulations de l’existence. Au lieu de cela, j’étais destinée à un autre, à un homme que je connaissais à peine, mais avec qui j’étais condamnée à passer le reste de mes jours.

C’était comme un rêve d’amour brisé, un château de sable emporté par la marée impitoyable du destin. J’étais contrainte d’accepter cette réalité amère, de vivre dans un monde où l’homme que j’aimais n’était qu’un souvenir lointain, une étoile qui avait brillé dans le ciel de ma jeunesse, mais qui avait été éclipsée par le voile sombre du devoir et de la tradition.

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Commentaires

Abdoul K
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Félicitations ,ton blog est super inspirant et bien écrit. Bravo !